Tuesday, November 2, 2010

LA TRADUCTION EST-ELLE POSSIBLE?

TABLE DES MATIĖRES

Introduction.................................................................................................................3


I. La traduction possible ou impossible?

a. Civilisation multiples et vision du monde...........................................................5

b. La traduction et les universaux du langage……….................................................9

c .Traduisibilité.......................................................................................................13


II. Problèmes concrets liés à la traduction? Pourquoi estime-t-on la traduction

impossible ?

a. Problèmes linguistiques………………………..............................................................19

b. Problèmes sémantiques............................................................................................22

c. Problèmes culturels …………………………………………...…........................................27


III. Conclusion......................................................................................................................32


IV. Bibliographie...................................................................................................................34




Peut-on dire qu'un ouvrage littéraire est (in)traduisible ? Quels sont les critères qui nous permettent de le dire ?

L'idée de traduisibilité est polémique et a divisé les théoriciens en deux camps distincts. Or, la notion s'avère encore plus compliquée lorsqu'on s'aperçoit que dans ces deux camps les avis sont également partagés. Toutes ces idées donnent suffisamment de matière à réflexion. Ce sujet nous fera entrer au coeur de la théorie de la traduction.

Pour trouver une réponse, nous a semblé utile, dans un premier temps, d'éclaircir cette polémique. Pour cela, nous allons traiter les différentes problèmes liée a la traduction, comme les universaux du langage, vision du monde, civilisation multiples etc. pour ensuite arriver à la situation actuelle des idées sur la traduisibilité.

Cette partie correspond au premier chapitre du mémoire, dans lequel nous allons définir, dans un premier temps, notre champ d'étude en donnant des définitions des termes clés, des explications en générale des differentes civilizations et de la vision du monde. Ces définitions reprennent rapidement les théories linguistiques, culturelles et sémantique importantes dans le domaine de la traduction. De la théorie de Mounin, nous irons vers la grammaire générative transformationnelle de Chomsky qui préfère parler de compétence et de performance. En outre, nous allons évoquer le choix entre la traduction du sens et de la forme. Nous allons développer plus en détail la traductologie et son propre point de vue sur la traduisiblité et à la traduction en général, plus particulièrement la proposition du couple fidélité/trahison pour remplacer le dilemme traduisibilité/intraduisibilité.

En suite, je vais prendre quelques exemples pour constater quelques problèmes liée à la traduction, comme les problèmes linguistiques, sématiques et culturels. Ces exemples seront tirés des romans de Fatos Kongoli traduits en français par Edmond Tupja, et le livre d’Amin Zaoui traduit en albanais par Mirela Kumbaro. Avec ces exemples nous allons montrer quelques difficultés qu’ils ont affronté et les “solutions” qu’ils nous ont fournie pour les surpasser.

Dans ce mémoire, nous avons choisi d'aller de la théorie à la pratique, d'une explication très théorique de la notion de traduisibilité vers une explication théorique adaptée aux exemples, pour ensuite examiner ce qui reste de cette notion en pratique. Nous avons ainsi essayé de créer un pont entre la théorie et la pratique ; en effet la notion étudiée oblige souvent les théoriciens à dissocier les deux. Mais quelle valeur pourrait-on accorder à une théorie qui ne s'applique pas ou ne peut s'appliquer concrètement a des exemples quels qu'ils soient? La réponse est évidente : Nulle !

En fin, nous allons analyser quelques problèmes liée à la traduction, comme : les problèmes linguistiques, sémantiques et culturelles.

Dans ce mémoire, nous espèrons donner une réponse satisfaisante à la problématique de la traduisibilité, et, nous espèrons surtout parvenir (ne fusse qu'en partie) à rapprocher la théorie de la pratique afin d'effacer les différences qui nourrissent la polémique de la traduisibilité depuis des siècles.

a) Civilisation multiples et Vision du monde

Une civilisation englobe : les connaissances, les croyances, l’art, le morale, le droit, les coutumes et toutes les autres aptitudes propres à l'homme.

Cette définition permet de dégager les principales composantes de ce que l'on entend par «civilisation». Il s'agit d'ensembles complexes qui intègrent tous les aspects de l'activité sociale : les techniques de production aussi bien que les croyances religieuses, les institutions politiques et les règles morales. L'originalité de chaque civilisation réside dans la façon dont sont combinés ces multiples facteurs, dans leur place et leur importance dans la société, et donc dans la manière dont ils s'articulent les uns par rapport aux autres. Autrement dit, une civilisation est une forme d'organisation spécifique de l'idéel.

Il existent différentes caractèristiques de civilisations.

L'aire géographique : Chaque civilisation relève d'abord de cette notion, dans laquelle le climat, l'hydrographie et les ressources naturelles déterminent les conditions de l'existence.

Les Etats : Ils se constituent avec leurs administrations spécialisées et leur armée permanente. Des centres urbains, sièges du pouvoir et du commerce, émergent. L'écriture devient un précieux outil qui permet d'enregistrer les lois et les décisions du pouvoir. Ce tableau serait incomplet

s'il n'englobait pas les rapports sociaux. La division sexuelle du travail, l'organisation de la

famille, la place accordée aux femmes dans la vie publique sont autant de facteurs qui

agissent en profondeur sur les sociétés.

L'aire culturelle : Chaque civilisation appartient à une aire culturelle précise. Le plus souvent, il s’agit des croyances religieuses, mais il y a lieu de prendre en compte tous les éléments qui participent d'une vision du monde commune aux populations concernées: idéologies politiques, traditions philosophiques et littéraires, et artistiques.

Les grandes civilisations : L'histoire a gardé la trace d'un très grand nombre de civilisations. Mais, les migrations et les échanges qui s'opèrent dans les sociétés ont été à l'origine de grands brassages, souvent à l'échelle des continents. Par la suite, les conquêtes et les alliances entre Etats ont accentué encore les rapprochements entre les peuples. On réservera donc le terme de «grandes civilisations» aux vastes ensembles qui, au fil des siècles, sont nés de ces contacts multiples. Elles rassemblent des sociétés très diverses, aux régimes politiques différents, aux structures sociales dissemblables, et se caractérisent à la fois par leur dimension supranationale et par la longue durée de leur influence.

La langue : Elle contribue à la cohésion des civilisations. Souvent, le noyau originel des grandes

civilisations correspond à une communauté linguistique, c'est le cas de la Grèce, de Rome etc. S Mais, les civilisations peuvent rassembler des populations de langues différentes.
Comme tous le monde le sait, il existe des milliers de langues dans le monde. Il semble donc, que chacun est enfermé dans sa propre langue comme dans une cellule d'isolement et qu'aucune communication n'est possible entre 2 langues. En effet, pour un même concept (signifié), il existe une multitude de formes (mots) désignant le concept (=signifiants). Ainsi par exemple, le concept que l'on nomme par le mot "maison" en français est désigné par le mot “shtepi” en albanais, "house" en anglais, par "haus" en allemand, "casa" en espagnol etc.
Ceci est dû au fait que selon Saussure “la relation entre le concept et la forme est arbitraire” * : il n'y a aucune raison objective qui puisse justifier cette relation, sinon, il n'y aurait qu'une seule langue. D'où l'importance de cet outil qu'est la traduction et qui permet d'établir une communication, d'entrer en contact avec une personne qui ne parle pas la même langue que la nôtre.
Le traducteur doit bien savoir tous ces éléments pendant la traduction, mais nous les expliquerons plus précisement dans la troisième partie de ce travail.

Chaque langue a sa propre vision du monde
Il ne s'agit pas de penser que toute traduction traduirait très fidèlement et très exactement la même idée : il existe des langues où il n'y a pas de futur, certaines où il n'y a pas de sujet, ou d'autres encore où il n'existe pas de forme passive. Et même lorsqu'il n'y a pas de différence apparente, la vision véhiculée des choses peut être différente, certains termes existant dans une langue n'existent pas dans une autre langue ou bien sont traduits de manière approximative car aucun terme précis n'existe dans cette dernière : de cette manière, le terme américain "empowerment" (nom) ne trouve aucune traduction dans la langue albanaise, le verbe "empower" étant traduit par "i jap mund
ësi te" mais le terme américain désigne plus un processus ainsi que son résultat, idée qui se retrouve très atténuée une fois le terme traduit en albanais.

La traduction permet une communication grâce aux idées, alors que la traduction semble donc ne pas renvoyer aux mêmes effets, comment se fait-il que le contact puisse s'établir entre deux

* F.de Saussure, Cours de Linguistique Générale. édition Payot (1913) 1995. page 132

langues ? Ici, il faut considérer que, plusieurs "formes" renvoient toutes à la même idée au même concept, qui est la conception que nous nous faisons de l'objet : ainsi "maison", "house", "haus", "shtëpi" et "casa" renvoient tous à un endroit construit et habité par des êtres humains, et l'on retrouve cette idée dans toute s les langues dans lesquelles ce concept existe.
La traduction, bien que pouvant sembler imprécise ou bien même inadaptée dans un premier temps, permet en fait de diriger les personnes vers l'idée qui existe dans leur propre langue. Selon Umberto Eco “La clé des langues, c'est la traduction” * (du moins une de ses clés). Et par conséquent aussi la clé du plurilinguisme.
C'est en ce sens que l'on interprètera le sens de la formule d' Eco : « La langue de l'Europe, c'est la traduction ». Le principe de base est simple : plus on connaît de langues, plus il est facile d'en apprendre d'autres.

Il faut savoir faire dialoguer les langues entre elles, c'est ce qu’on appelle le plurilinguisme. Les langues ne sont pas interchangeables : chacune recèle une vision du monde propre. Le plurilinguisme est à l'ordre du jour non seulement en Europe, mais plus généralement dans le monde, en raison de la mondialisation. Nous devons montrer que la perception du monde n’entraîne pas seulement une vision du monde mais aussi des modes d’expression distincts. Dans un deuxième temps, ces modes d’expression transmis par le monde qui nous entoure agissent sur la façon dont nous percevons celui-ci et contribuent à une restructuration de ce monde dans notre pensée..

En effet, comme nous l’avons vu plus haut, apprendre une langue étrangère, c’est découvrir, certes, un autre monde, une autre société, mais aussi d’autres façons de percevoir le monde ou les choses que nous connaissons déjà.

Pour comprendre notre environnement, nous devons constamment traduire le monde. Nous ne devons pas seulement traduire des langues, mais des cultures, des idées, des visions du monde. Et pas seulement lorsque nous voyageons, mais au quotidien. Le cinéma, par exemple peut aider à comprendre. Pour créer l’Europe que nous connaissons aujourd’hui, la traduction a joué un rôle essentiel.

En fin, pour comprendre l’Europe d’aujourd’hui, nous avons besoin de l’aide d’experts en traduction.

* Umberto Eco, Dire presque la même chose, expériences de traduction (2007), éd. Le livre qui parle. 2007. page 36

Le cinéma comme média transpose une réalité multidimensionnelle aux dimensions de l’écran, comme une traduction transpose un texte étranger en quelque chose que nous pouvons comprendre. Certains réalisateurs portent sur leur environnement un regard plus curieux et plus ouvert que d’autres, ils essayent par conséquent de traduire ce qu’ils voient pour leur public. L’un des objectifs d’un traducteur est voyager à travers le continent, pas comme des touristes, mais commes des guides.

Les mots véhiculent des concepts, permettant aussi aux homes de connaitre leur univers. L’expérience que les hommes ont de leur univers est infinite. Les mots, les signes linguistiques formés d’un significant et d’un signifié, fournissent d’une part les catégories de pensée intermédiaires entre l’unité globale et l’infinie diversité du monde.

Le lexique découpe l’univers en catégories. Or, on constate que ce découpage de la réalité peut etre très différent selon les langues. On découvre des écarts plus ou moins importants entre les champs sémantiques d’une langue à l’autre. Chaque langue semble etre une grille exprimant une vision particulière du monde.

Ce fait est très souvent illustré par l’exemple de la gamme des couleurs, exemple pris par Mounin.

L’arc-en-ciel ne prèsente aucun seuil exact qui permettrait de bien délimiter les frontières entre les couleurs. Malgré cela, la langue francaise y distingue un ensemble de sept couleurs : violet, indigo, bleu, vert, jaune, orange, rouge. L’hébreu ne connait qu’une couleur le rouge, en dehors du blanc et du noir. Le chinois associe cinq couleurs de base : vert, blanc, rouge, noir, jaune, à cinq éléments bois, métal, feu, eau, terre etc; à cinq tons musicaux etc.

Et pourtant l’oeil des Français, Chinois etc, est certainement fait de la meme façon!

Cet exemple démontre clairement que la structure du langage ne reflète pas automatiquement celle de l’univers.

Si l’étudiant prend aisèment conscience des differences de mode de vie selon les communautés, et de leur manifestation dans le lexique, il n’en va pas nécessairement de meme des différences qui concernent la “vision du monde”. Il faut une assez bonne bonne connaissance d’une autre langue pour se render compte qu’elle implique une interprétation différente des phénomènes.

On dit que chaque langue “découpe” la réalité de façon différente.

* George Mounin. Les Problèmes théorique de la traduction, Paris, Gallimard “Tel”, 1963. page 25

Ainsi par exemple, en français il y a pied et jambe alors qu’on albanais il n’y a qu’un seul mot : kembe. A l’épaule correspondent en albanais les mots sup et shpatull.

Il y a des difficultés dues a un découpage différente, un mot dans une langue correspond a deux ou plusieurs mots de l’autre. Par exemple, le mot albanais derr recouvre les mots porc et sanglier, ou, le mot krim en albanais recouvre les mots crime et délit en français.

b) La traduction et les universaux du langage

La traduction est considéré comme une activité humaine universelle, rendue nécessaire à toutes les époques et dans toutes les parties du globe par les contacts entre communautés parlant des langues différentes. Le traducteur aussi comme l’interprète doit disposer d’une solide connaissance de ses langues de travail et d’une culture générale étendue. Aux sources historiques de la traduction, on trouve d’abord les texts sacrés, comme la traduction grecque de l’Ancien Testament, ou la traduction latine de la Bible etc. Georges Mounin, se faisant l’avocat du diable, pose la question radicale de savoir si la traduction est possible. Parmi les arguments qui sont favorables, il cite ce qu’il appelle « les universaux du langage » * . La diversité est à tous les niveaux, entre les langues et à l’intérieur d’une langue. Sont différents les cultures, les langues, les discours et les genres, les dialects etc. Mais il y a des degrés dans l’éloignement culturel et il n’y a pas autant de cultures que de nations. En outre, on change de monde en changeant de langue, mais vivre entre plusieurs cultures n’est pas si grave. Malgré la diversité linguistique, il reste que toutes les langues humaines ont beaucoup de points en commun. La thèse est référentielle : le concept existe partout, donc elle a un nom dans toutes les langues. Pourtant, d’une part, il n’en reste pas moins que chaque valeur reste spécifique à l’intérieur du système d’une langue donnée. La diversité des cultures et des langues serait un obstacle insurmontable à la traduction. La pensée et l’action d’un individu sont entièrement déterminées par la langue qu’il emploie.

La reconnaissance de la diversité de langues va de pair avec la nécessité de l’intercompréhension. Selon Mounin, on cherche à montrer « que la diversité des langues excède une simple diversité des signes, que les mots et la syntaxe forment et déterminent en même temps les concepts, et que, considérés dans leur contexte et leur influence sur la connaissance et la sensation, plusieurs langues sont en fait plusieurs visions du monde» ** . Mais cette diversité, n’est pas un obstacle à la traduction dont l’enjeu est précisément d’enrichir une langue et une culture. Grâce à l'expansion des mass-média, l'internationalisation des discours est devenue un phénomène quotidien.

* George Mounin. Les Problèmes théoriques de la traduction, Paris, Gallimard, « Tel », 1963 .page 135

** George Mounin. Les Problèmes théoriques de la traduction, Paris, Gallimard, « Tel », 1963 .page 140

Grâce aussi à l'expansion d'une nouvelle langue internationale, l'anglais, une coucheé norme de la population mondiale peut se permettre de renoncer à la traduction dans de multiples situations, ou de l'utiliser comme une option délibérée à laquelle on aurait pu renoncer. Dans toutes les sociétés bilingues, le recours à la traduction est en principe une option, et il convient de déterminer pourquoi elle est préférée à la non-traduction.

La migration des peuples crée presque inévitablement un nouvel environnement linguistique et culturel, nécessairement mixte; le bilinguisme ou le multilinguisme qui s'ensuit peut être de courte

ou de longue durée, selon l'évolution de la société en question. Reste à déterminer si les

immigrants maintiendront la communication à la fois avec le nouvel environnement et avec l'ancien.

En dépit des diffèrences plus ou moins importantes entre les champs sémantiques d’une langue à l’autre, il existent des universaux fondamentaux, des traits universels communs qui se retrouvent dans toutes les langues. Il y a donc des concepts qui possèdent une expression lexicale dans toutes les idiomes. Les chercheurs parlent, entre autres, d’universaux cosmogoniques : tous les hommes habitènt la meme planète et possèdent les memes cadres de référence au monde extérieur.

En effet, tous les hommes connaissent la terre et le ciel, le jour et la nuit, la pluie et le vent, le règne animal et le règne végétal, le chaud et le froid, les parties du jour etc.

Il y a également des universaux biologiques. Tous les hommes ont un corps animé; tous les hommes naissent, meurent, boisson, respiration, sommeil, température etc.

On voit donc qu’il y a des domaines où c’est la nature elle meme qui impose les limites du découpage linguistique. Toutes les langues, semble-t-il, sont capables d’opposer les deux personnes de l’interlocution au reste de l’univers. Selon toute probabilité il y a des universaux psychologique : toutes les langues semblent connaitre l’opposition entre le plaisir et la douleur.

Il existent des des universaux cultureles, le détenteur du pouvoir a un nom spécifiquedans toutes les langues.

La notion d’universaux s’emploie aussi pour caractériser les traits linguistiques universels, communs à toutes les langues humaines. Dans ce cas on parle d’universaux linguistiques..

Parmi les universaux du langage, celui-ci : toute langue peut être simplifiée. Il y a des universaux du « baby talk », à la fois de la façon dont les petits enfants modifient la langue et dont les adultes la modifient quand ils s’adressent à eux. Dans toutes les langues du monde, les groupes de consonnes disparaissent, les syllabes accentuées se maintiennent mieux que les inaccentuées. Après tout, « maman », « papa », « pipi », « caca » sont des termes du langage enfantin gardés dans la langue adulte (plus ou moins).

Les cultures ne sont pas forcément homogènes et meme, à l’intérieur de celles-ci, il y a des différences importantes dues à des facteurs extralinguistiques. Une langue et très particulièrement ses normes, dépend pour le moins, des facteurs externs suivants :

· Le facteur temporel – Le français du XX-ème siècle diffère notamment du français classique. Meme en XX-ème siècle, le français parlé par les diverses générations qui existent simultanèment, présente des differences. L’adolescent utilise un vocabulaire différent de celui de l’adulte ou de l’enfant.

· Le facteur régional – chaque région pour un pays donné, a ses caractéristiques propres. C’est le cas de la France et des pays francophones.

· Le facteur sociocultutel – les personnes cultivées et celles qui ne le sont pas s’expriment d’une autre façon dans la meme langue, en produisant deux sortes de normes : la norme cultivée et la norme non-cultivée.

· Le facteur stylistique – des situations formelles – réunions, confèrences, congrés etc. exigent un style adequate, donc formel, et des situations informelles.

· Etc…

Tous ces facteurs extralinguistiques, en meme temps qu’ils enrichissent énormément une langue, constituent des variétés que le traducteur ne peut pas méconnaitre.

c) La traduisibilité

La traduisibilité est un terme qui va de pair avec la traduction. En effet, si on veut mieux comprendre la traduction, si on veut lui accorder une théorie, on se posera des questions sur ses limites et on entre alors dans l’univers de la traduisibilité. Ces questions sont le paradoxe même de la traduction : si la traduction existe, pourquoi veut-on savoir si elle est possible ? Les différentes idées sur la traduction ont pour conséquent des interprétations différentes sur le terme de la traduisibilité. Pour mieux comprendre ces idées différentes, on devra d’abord faire un bref rappel des théories du langage qui traitent ces problèmes. Comme Pergnier l’a constaté : « la traduction est peut-être la pierre de touche de toute théorie du langage »*.

Les études sur la traduction ont débuté au Moyen Age et depuis, des progrès remarquables dans de nombreuses directions ont été faits. La vraie réflexion sur la traduisibilité ne s’est présentée qu’au cours du XX-ième siècle. Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, les linguistes s’intéressent davantage aux problèmes de la traduction. Avec le développement de la linguistique, la théorie de la traduction s’est vue développer également.Certains linguistes, littéraires et pédagogues considèrent que la traduction est une transposition du système de la langue. Ils considèrent que la traduction concerne la forme, qu’elle touche directement au système. Cette idée existe depuis des siècles, la traduction est considerée impossible pour des causes sémantiques, morphologiques et surtout stylistiques.

La linguistique différencie deux visions de la langue. La première considère que les différences entre les langues sont peux importantes car elle croit que tout système linguistique a les mêmes bases conceptuelles, la seule différence est la façon dont les langues s’expriment, donc leur façon de structurer les concepts, c’est ce qu’on appelle la vision universaliste. Cette vision garantie la possibilité théorique de traduction car elle croit que toute langue désigne une même vision du monde.

Selon cette vision de Mounin tout est traduisible ; “ce qui limite la traduction n’est pas le système mais les compétences du traducteur. Soit, il ne maîtrise pas assez la langue cible, soit il n’est pas assez créatif ou il est peu expérimenté” ** .

* Maurice Pergnier, Théories et pratiques linguistiques 1993, préface

** George Mounin. Les Problèmes théoriques de la traduction, Paris, Gallimard, « Tel », 1963 .page 36

La deuxième vision est la vision relativiste. Elle prescrit que chaque langue visionne le monde à sa façon. Selon la langue qu’on parle, on a des visions différentes du monde, la traduction est donc théoriquement impossible.

Cette théorie est fondée au XIXième siècle par le philiologue Wilhelm von Humboldt, qui croit que “ notre pensée dépend de notre système linguistique” *. Il appelle la pluralité des langues la diversité linguistique, qui selon lui rend la traduction théoriquement impossible. En effet, les langues ne sont pas seulement différentes dans leur façon de découper les unités linguistiques mais aussi dans leur façon de recomposer le discours.

Aujourd’hui la pratique de traduction ne peut approuver ni la première, ni la deuxième vision. En effet, la traduction des textes n’est pas une impossibilité absolue ni un acte qui va de soi.

En effet, le problème de la linguistique pure et dure, c’est qu’elle néglige la dynamique de la langue qu’il lui est accordé par le fait qu’elle soit vivante.

A partir des années 70 du XX-ième siècle d’autres grands changements se sont produits dans le domaine de la linguistique, de nouvelles branches ont élargi les sciences du langage. Les théories de la traduction ont également vu surgir de nouvelles idées. Comme la grammaire générative, les nouveaux courants linguistiques ne voulaient plus étudier la langue en tant que système symbolique, mais on voulait au contraire la situer parmi les activités sociales fondamentales. Pour pouvoir l’analyser sous des angles différents, on l’a rattachée à d’autres disciplines. La définition de la langue se voit évoluer. Désormais, elle n’est plus uniquement considérée comme un système de signes, mais davantage comme un instrument de communication. C’était Jakobson ** qui voulait étudier la langue dans sa dynamique communicative. Il a basé sa théorie, sur un modèle mathématique de télécommunication et il a désigné six fonctions au langage qu’il décrit dans son livre.

La traduction est l’interprétation du texte source ou une opération mentale qui s’inscrit dans le cadre d’un acte de communication. Cet acte de communication se passe entre un émetteur et un destinataire et il se fait dans un lieu et à un moment donné. Henry croit que tous les éléments non linguistiques qui définissent la situation de communication doivent être pris en compte par le traducteur, sous peine de produire une oeuvre nouvelle.

* Wilhelm Von Humboldt, L'aurore de la linguistique, 2006. page 238

** Jakobson.J, Essai de linguistique générale,Paris, Edition de Minuit. 1963. page 58

Pour Henry, “la traduction peut être très libre” * . Le plus important c’est que le traducteur adapte sa traduction à la langue cible, il doit essayer d’imiter l’oeuvre initiale. Pour lui, l’intraduisibilité peut être résolue par l’adaptation. Ses idées sont inspirées par la théorie interprétative de la traduction. Le traducteur doit d’abord comprendre la séquence ou texte a traduire. Ensuite, il doit déverbaliser le texte. Finalement, il doit réverbaliser l’idée dans la langue cible. La traduction ainsi obtenue doit à la fois rendre le contenu et l’émotionnel du texte source.

Maintenant que nous avons analysé les différentes théories linguistiques, nous introduirons la notion de la traduction. On a déjà vu que parmi les deux visions de la langue, la première croit à la traduction tandis que la deuxième, la vision relativiste n’y croit pas. Mais que croit-on ou ne croit-on pas ? Par « traduction » on entend dans le milieu théorique l’acte de traduire.

Si on pense que cet acte est une illusion, on croit à l’intraduisibilité. Si on n’avait pas à se poser la question et que la traduction était une évidence, la problématique de la traduisibilité ne se poserait pas non plus. Cette vision met la traduction hors jeu. Si, au contraire on vise une traduction du sens, la définition qu’on peut attribuer à la traduction prendra des sens différents qu’on établira ci-dessous.Si le débat de la traduction est souvent basé sur la forme ou le sens, si l’appréciation de la traduction est souvent négative et si la polémique entre la théorie et la pratique persiste, bon nombre de théoriciens ont vu l’importance d’accorder à la traduction son propre champ de recherche. Certes, la traduction trouve ses bases dans la linguistique mais elle a son propre fonctionnement et si on veut développer les théories de la traduction, elle doit pouvoir fonctionner d’une façon autonome.

Mounin est en France le père de la traductologie, le nom qu’on a donné aux années 70 à ce nouveau champ d’étude. Mounin a fait une étude remarquable avec son oeuvre « Les problèmes théoriques de la traduction », où il parle entre autre de l’«illusion d’optique linguistique» quand on croit qu’on ne peut pas traduire certains mots dans la langue cible. Selon lui, « rien ne permet de passer de la constatation que traduire est difficile à l’affirmation que traduire est impossible » **.

* Henry.J, La traduction des jeux de mots, Paris, Presses Sorbonne Nouvelle, 2003. page 65

** George Mounin, Les Problèmes théorique de la traduction, Paris, Gallimard “Tel”, 1963. page 98

La traductologie veut donc se débarrasser du paradoxe éternel de la traduction. Pour cela elle essaie de trouver des critères nouveaux quant à la traduisibilité. Pour y parvenir, elle veut étudier le processus de la traduction afin de mieux le comprendre pour ensuite en déduire des théories. Le champ d’étude de la traductologie s’appuie sur des approches différentes. Ainsi, elle se base sur le structuralisme mais elle le complète en y rajoutant le caractère polysémique de la langue, ce caractère joue un rôle dans l’étude de la traduction.

La traductologie se base également sur la communication. Mais, elle va plus loin. Pergnier déclare ainsi que c’est une « banalité de dire que la langue est un instrument de communication » *. Il explique que « la langue est une structure qui communique des concepts médiatisés à un premier niveau. Elle empêche la communication, lui fait obstacle ! C’est cette non-communication qui fonde toute la problématique de la traduction” **. Il veut dire que la langue est actualisée par la parole.

La performance, la manifestation de la parole dans des contextes différents, a pour conséquence qu’on interprète chacun les énoncés qui nous sont émises de notre propre façon.

Les idées qu’on essaie de verbaliser à nos interlocuteurs ne seront jamais interprétées exactement comme on le voudrait. Selon Chomsky ***, ceci est caractéristique de la performance et n’empêche pas la communication mais peut tout de même lui poser problèmes. Il en est de même pour la traduction. Un texte peut-être lu ou plutôt interprété différemment selon les compétences du lecteur.

Ainsi, deux traducteurs ne traduiront jamais un même texte de la même façon. En effet, chaque traducteur à son propre style mais surtout sa propre façon d’actualiser les idées de l’auteur. Le problème de la traduisibilité dépend donc encore une fois de l’interprétation que le traducteur a des idées reçues du texte.

En ce qui concerne les textes littéraires, on ne saura jamais exactement le vouloir dire de l’auteur mais on peut se demander si ceci pose problème pour la traduction car tout propos est interprété personnellement, c’est justement la nature de la communication qui fait que chaque sujet parlant (lisant) a sa propre performance.

Pergnier précise que : “L’intraduisibilité est moins un problème de langue qu’un problème d’adaptation des messages au récepteur de la traduction“ ****.

* Maurice Pergnier, Théories et pratiques linguistiques 1993. page 161

** Maurice Pergnier, Théories et pratiques linguistiques 1993 page 162

*** Noam Chomsky, Aspect de la théorie syntaxique, Seuil, 1971. page 38

**** Maurice Pergnier, Théories et pratiques linguistiques 1993. page 170

On voit bien que la traductologie veut une fois pour toutes accorder une interprétation positive à la traduction. Mais, il faut souligner aussi qu’existe un paradoxe entre la possibilité et l’impossibilité de la traduction qui n’est toujours pas résolu et on peut se demander si la traductologie y parviendra un jour. Même si après Pergner, nous poussons à continuer à faire de la recherche sur la diversité linguistique, le mystère du langage ne se dévoilera peut-être jamais. Comme nous l’avons déjà mentionné, la traductologie doit donner un statut positif à la traduction pour décrypter le couple traduisibilité/intraduisibilité. Le critique et le traducteur doivent abandonner leur rêve de la traduction parfaite et avouer la différence indépassable entre le propre et l’étranger. Les critiques doivent éviter de juger les traductions avec des appréciations telles que bonnes ou mauvaises.

On ne peut pas critiquer une traduction car il n’y a pas de troisième texte auquel on peut référer, il n’y pas de modèle du bon ou du mauvais tout ça ce sont des appréciations !

On reste dans la subjectivité sur laquelle on ne peut pas fondre une théorie plausible. La seule façon de critiquer une traduction est d’en proposer une autre.

La traduction a certaines conditions à remplir qui doivent être mesurées par des critères. On doit remplacer le dilemme traduisible/intraduisible par le couple fidélité/trahison. Or, le paradigme de la traduction c’est que le traducteur trahit à la fois l’auteur et le lecteur, il doit alors choisir ou sinon trouver un bon compromis. Les théoriciens doivent se débarrasser de l'idée qu'une traduction doit être une copie conforme de l'original.

Ce n'est qu'en acceptant l’illusion de la traduction parfaite et en admettant la nécessité de traduction que le dilemme traduisibilité/intraduisibilité peut être remplacé par le couple fidélité/trahison. On ne peut pas être fidèle à 100% à toutes les parties ; en effet, la trahison est aussi une conséquence incontournable de la traduction, puisque la traduction exige des choix qui font balancer le traducteur entre le respect du texte source et celui du texte cible. Le couple fidélité/trahison peut uniquement avoir du sens si le traducteur fait des choix réfléchis afin de trahir le moins possible. Il doit être capable de justifier ces choix en montrant que ces solutions trouvées font preuve d’un apport positif à la langue et culture cible. La nécessité de traduction doit alors prendre une tournure positive : celle de l’enrichissement de la culture cible.

Ainsi, et malgré toutes les difficultés de traduction, les oeuvres littéraires ne doivent plus être contraintes aux problèmes de traduisibilité.

Certes, certains textes littéraires comme des textes iconiques (poésie, jeux de mots) sont soumis à des problèmes supplémentaires car le sens des mots est souvent ancrés dans la structure linguistique et ne vient pas d’extérieur ou du contexte mais ce ne doit pas non plus être un critère d’intraduisibilité. On a bien vu qu'on peut traduire les idées, mais qu'un problème supplémentaire pouvait surgir, celui de la traduction des jeux de mots qui nécessitent une dissociation du sens et du style. Ainsi, par exemple on peut conclure que la traduction proposée n'est pas réussie dans le sens qu’elle trahit le texte source avec des jeux de mots qui n'ont pas le même effet de sens dans la langue cible, mais cette « trahison » peut être résolue en retravaillant la traduction avec les solutions de traduction proposées. Pour cela, le traducteur ne doit pas avoir peur de prendre un peu de liberté en se rapprochant davantage de la langue cible ; il s'agit même d'une inéluctable condition si on veut rester fidèle à la double articulation entre forme et sens. Le traducteur doit faire ce qui lui semble correct afin de rester le plus fidèle possible au texte source, mais également à la langue cible. Par conséquent, et malgré toute théorie, une traduction réussie dépend aussi des compétences du traducteur qui doit à la fois parfaitement maîtriser les deux langues, mais également savoir écrire et jouer avec la langue cible et le sens des mots.

Finalement, le seul critère de traduisibilité d’une oeuvre littéraire qu’on pourrait lui accorder est celui des maisons d’édition, mais alors on entre dans une intraduisibilité que nous avons appelé extratextuelle et qui demande une étude nouvelle car elle ne fait pas partie des critères proposés par la traductologie.

II. Problèmes concrets liés à la traduction? Pourquoi estime-t-on la traduction

impossible ?

a) Problèmes linguistiques

Chaque langue à ses propres régles grammaticales et syntaxiques. L’ordre des mots, qui est d’abord un moyen de se faire comprendre, qui donne de plus sa couleur, sa vie, son rythme et ses résonances affectives à la phrase, est une partie importante de la syntaxe qui confine à la stylistique. L’ordre des mots pour construire une phrase en française est en principe le suivant : sujet, verbe, attribut ou complément. Cet ordre est relativement fixe. En français, on met d'abord le sujet, puis ses dépendances, puis le verbe et l'attribut avec toutes leurs dépendances. L’ordre des mots et des termes joue un rôle primordial dans les constructions des phrases. L’ordre des mots se définit par plusieurs raisons comme : le rythme de la phrase, les effets stylistiques, la mise en relief etc. En albanais l’ordre des mots est relativement libre c’est-à-dire les termes de la phrases peuvent changer de place librement en gardant leurs fonctions. L’ordre des mots dans la phrase se définit grâce à leur importance qu’ils ont sur la phrase communiquée ; il y a une forte liaison avec la fragmentation actuelle. Toutes les phrases énonciatives (énoncés) ont une information à communiquer, la partie plus importante de cette information est une information actuelle. Cette information est liée fortement avec la situation et le contexte ; ce sont les paroles d’un locuteur destinées à un interlocuteur. Beaucoup d’apprenants Français ou étrangers, ont des difficultés à construire des phrases. La difficulté provient souvent d’une pensée confuse et de la recherche de complexité qui n’a pas besoin d’être. Pour celui qui écrit comme pour le lecteur, il est préférable de faire des phrases courtes. Dans une phrase longue, on en oubliera le début avant d’arriver à la fin. Il sera difficile de repérer ses constituants et de la comprendre. D’un coté ce sont les rapports locuteur-interlocuteur qui établirent l’ordre des mots dans la phrase et de l’autre coté c’est la subjectivité verbale du locuteur sur l’information qu’il veut communiquer. Dans la fragmentation actuelle on peut distinguer dans plusieurs des cas deux éléments : le thème, ce dont on parle et le prédicat, ce qu’on dit. Le thème est un élément connu de l’énoncé en opposition au prédicat qui est un élément nouveau introduit dans l’énoncé. C’est autour du prédicat, essentiel à l’énoncé et indépendant syntaxiquement, que la phrase s’organise.

Le thème d’une phrase énonciative simple telle que :

Arbrli po këndon. (Arbri chant) est Arbri.

Ce qu’on en dit, le prédicat, c’est qu’il chant. La plupart des phrases, même complexes, peuvent être ainsi décomposées en un syntagme nominal dont la fonction est le sujet et un syntagme verbal dont la fonction est prédicat.

Ainsi, dans une phrase telle que :

Profesori që mori në pyetje vajzën kishte nje opinion te mirë për të. (alb)

Le Professeur qui a interrogé la fille avait une bonne opinion d’elle. (fr)

On a un syntagme nominal sujet : Profesori që mori në pyetje vajzën (Le Professeur qui a interrogé la fille) et un syntagme verbal prédicat : kishte një opinion të mirë për të (avait une bonne opinion d’elle ).

Il y a des phrases à un seul élément qui jouent le rôle du prédicat :

Rrezik ! (Danger !) ; Ndal ! (Stop !)

Les phrases à deux élément qui ont un ordre renverse peuvent être considérer comme des prédicats : Na ishte një herë një vajzë (Il était une fois une fille). Bie borë (Il neige). La fragmentation actuelle établie l’ordre des mots dans la phrase. Quand le style est neutre, le prédicat se place après le thème : on énonce d’abord ce dont on va parler, et seulement ensuite ce que l’on a à en dire. Il y a une grande importance la fonction grammaticale de l’ordre des mots en albanaise puis que grâce à lui on peut définir la fonction des différent termes dans la phrase. La fonction grammaticale de l’ordre des mots nous permet de distinguer le sujet du complément d’objet, le sujet du terme nominatif qui fait partie du prédicat. Certains mots ont un ordre fixés par des lois syntaxiques, la place déjà établie de ces mots se doit respecter parce que contrairement on viole les normes syntaxique et le message de la phrase risque de ne pas être compréhensible. L’ordre de négation est relativement fixée dans la langue albanaise, par exemple, la particule de négation nuk (ne…pas) et s’(ne…pas) précèdent le verbe dans la plus parte des fois (nuk qeshi, il n’a pas rit ; s’di, ne sais pas) ; la place de la particule de négation mos (ne…pas) devant certains formes verbaux bien précisée (mos flitni, ne parlez-pas ; të mos ishte, s’il n’était pas ; duke mos pasur, pour ne pas avoir, etc.), la place des formes formes reduites en accusatif et en datif ( e pashë, je l’ai vu ; nuk e pashë, je ne l’ai pas vu ; duke e parë, en le voyant ; duke mos e parë ,en ne le voyant pas ; për ta parë, pour le voire ; për të mos e parë, pour ne le pas voire ; duke i dhënë, on lui donnant ; duke mos i dhënë, on lui ne donnant pas ; për t’i dhënë, on ne lui donnant pas ; mos e shiko, ne le pas voire ); et même quand ces formes se réunissent entre eux elles précèdent le verbe ( duke ia dhënë, on lui donnant ; duke mos ia dhënë, on ne lui donnant pas ; për t’ia dhënë, on le lui donner etc…) . Il est aussi fixée même la place des prépositions devant les noms et dans certains cas aussi devant les adverbes. Le traducteur se confronte toujours avec ces régles gramaticaux, il doit tenir compte que la construction des phrases est différente d’une langue à l’autre. Par exemple ; Comment peut on traduire de français en albanais le pronom ( on) ? L'accord avec le pronom on dépend largement de ce à quoi il se rapporte.

Lorsque on = tout le monde, les gens en général, on remplace le il et est de la troisième personne du singulier. On notera que cet usage de on est soutenu.

Dans ce pays on dîne à 20h. - On dit que de tous les peuples l’éurope les Belges sont les plus braves. (fr) Në këtë vend darkohet në orë 20. – Thuhet se nga të gjith popujt e europës, Belget janë më të mirët. (alb)

On peut également se mettre à la place de nous. L'accord se fait alors comme si le on était de la première personne du pluriel avec les participes passés. Cet emploi de on se fait à l'oral. On préfère largement utiliser le on à la place du nous à l'oral.

On est allés à la plage hier, j'en suis encore fatigué. On est rentrés tard cette nuit. (fr) Shkuam ne plazh dje, akoma ndihem e lodhur. U kthyem vone mbrëme. (alb)

Dans un sens proche de l'ironie, on peut également se mettre à la place de tu et vous. Il remplace alors une deuxième personne.

C'est à cette heure-ci qu'on arrive. Alors, on n'a pas fait aujourd'hui ? (fr) Në këtë orë mbërrini. Nuk e bëre sot ? (alb)

Enfin, le tableau ne serait pas complet si on ne remplaçait pas le je. L'accord est alors comme la première personne.

Deux secondes, on arrive. On fait ce qu'on peut.(fr) Dy sekonda se erdha. Bëj ç’të mundem. (alb)

Dans toutes les conjugaisons de on, la marque de la personne se fait uniquement sur le participe passé. Le verbe ou l'auxiliaire est toujours à la troisième personne du singulier. Sont tous ces problèmes.

b) Problèmes sémantiques

La traduction consiste à faire comprendre les messages construits dans une langue aux auditeurs (lecteurs) ne possédant pas cette langue. Pour le faire, il faut transposer le message d'une langue (L1) dans une autre langue (L2). Cette opération qui, de tout temps, était très répandue dans les communautés humaines, est le résultat d'un effort linguistique très complexe commandé par le souci de transmettre un contenu d'idées. Tous les aspects et toutes les phases de ce processus sont donc subordonnés à ce souci qui est une préoccupation essentiellement sémantique. Il en est ainsi, d'ailleurs, de toute communication linguistique. La traduction met en contact intime et systématique deux langues différentes tant du point de vue strictement linguistique qu'en ce qui concerne les civilisations matérielles, les cultures et même les conceptions philosophiques des sociétés auxquelles elles répondent. Pour cette raison, la traduction avait depuis toujours une importance fondamentale pour la coexistence des groupes humains. Il ne s'agit pas seulement du fait évident et connu que l'établissement de vrais contacts n'est pas possible si la communication linguistique n'est pas assurée, ne soit-ce que partiellement; ce qui est également important, quoique moins évident, c'est que la traduction est en même temps un puissant facteur de l'unification des structures de pensée des groupes humains en contact et de la cohésion mentale d'une aire de civilisation donnée. La traduction consiste, avons-nous dit, à faire comprendre un message.Il faut donc que le traducteur (ou l'interprète) comprenne le message, qu'il en saisisse le sens de la façon la plus exacte et la plus complète possible, qu'il en fasse l'interprétation sémantique. C'est la première phase du travail de traducteur, phase qui ne devrait pas poser de problèmes car elle ne dépasse pas le cadre de la communication simple:

émetteur encodage message décodage récepteur

Mais peut-on prétendre que l'interprétation sémantique (= décodage) se passe toujours sans difficulté? Certainement pas. Dans toute communication linguistique, quelque élémentaire qu'elle soit, il arrive que le destinataire n'est pas sûr d'avoir bien saisi le sens du message qui lui est adressé et qu'il a besoin de demander à son interlocuteur le sens actuel d'une expression. Et que dire de l'interprétation sémantique des textes dits difficiles ? Et pourtant, l'interprétation sémantique exacte est essentielle tant pour la communication simple que pour la traduction. Quelles sont les conditions permettant au destinataire de bien faire l'interprétation sémantique d'un message? La réponse est simple: il faut que le destinataire connaisse bien le code dans lequel le message est construit, ce qui revient à dire, en termes de la traduction, que le traducteur doit bien connaître la langue de laquelle il traduit. Mais qu'est-ce que cela veut dire? Cela veut dire une bonne connaissance d'une langue. Très souvent, on est enclin à croire que la connaissance de la langue standard (de son système grammatical, de ses inventaires lexicaux, de sa norme) est suffisante et on oublie que chaque langue est un polysystème très complexe fait de différents niveaux stylistiques (littéraire, officiel, familier, populaire), de différentes variantes régionales, d'argots et de jargons qui ne se définissent comme tels que par rapport justement à la langue standard. Dans les conditions de communication normales, l'usager de la langue joue de plusieurs des registres qu'il a à sa disposition, ce qui lui permet d'exprimer, de façon très économique, des contenus sémantiques supplémentaires porteurs, à leur tour, de connotations associatives les plus diverses. Il est rare, en effet, qu'un discours vivant, écrit ou parlé, soit fait dans la langue standard pure sans recours aucun à un des sociolectes, régiolectes ou technolectes mentionnés. Une bonne connaissance de la langue devrait donc comporter aussi une consideration systématique de tels systèmes partiels permettant d'engendrer des significations nouvelles, spécifiques et nuancées. La qualité de l'interprétation sémantique du message dépend aussi des connaissances concernant la culture, la civilisation matérielle et la vision du monde de l'auteur du message. Si on a quelquefois exagéré l'importance de telles connaissances pour les langues européennes, on ne saurait assez souligner leur utilité, voire leur nécessité quand il s'agit de faire l'interprétation sémantique de messages construits dans les langues de différents peoples d'Afrique ou d'Asie, ou encore des textes d'Antiquité, de moyen-âge et même des textes français du 17-ème siècle, que l'on croit si bien comprendre. La seconde phase de la traduction consiste à transposer le message dans la langue du destinataire. Le schéma suivant figure le processus de traduction tout entier:

émetteur ----> message1 --------> traducteur ------> message2 ------>destinataire

Le schéma montre que, pour la seconde phase de la traduction, le traducteur dépasse le cadre habituel de la transmission du message: il ne s'arrête pas au moment où il en fait l'interprétation sémantique. Ayant saisi le contenu du message, il l'encode dans la langue 2. En mobilisant ses resources linguistiques dans un va-et-vient incessant entre les deux langues, il réalise cette opération hautement qualifiée qu'est la traduction. Pour qu'il puisse le faire, le traducteur doit bien connaître la langue du destinataire du message, la langue 2, en tant que polysystème complexe fait de la langue standard et de ses divers régiolectes, sociolectes et technolectes. L'interprétation sémantique est donc une étape-clé dans le processus de la traduction: elle est à la fois l'aboutissement de sa première phase et le point de départ de la seconde qui commence par la recherche des équivalents.Tout traducteur fait de l'analyse sémantique, et ne peut ne pas en faire, parce qu'elle est le seul moyen sûr qui permette d'établir les équivalences. Il peut paraître exagéré de prétendre que cette procédure sémantique est systématiquement appliquée dans la traduction, parce que les traducteurs font souvent de la sémantique sans le savoir, c'est-à-dire automatiquement. Ce n'est qu'en présence de quelque difficulté, de quelque problème d'équivalence lexical, syntaxique ou stylistique que le recours à l'interprétation sémantique devient conscient: le traducteur procède à l'analyse sémantique minutieuse pour bien reconnaître le sens de l'expression à traduire ou pour s'assurer qu'il a bien choisi les moyens de traduire ce sens dans l'autre langue; il essaie d'établir les traits sémantiques du contenu de telles expressions, de trouver leurs équivalents dans l'autre langue, d'isoler les traits qui dérangent les équivalences établies, etc.

Voyons l'exemple des «équivalents» français du verbe albanais “marr”, à savoir des verbes recevoir, accepter, obtenir, extorquer, remporter, décrocher, etc. Le contenu de tous ces verbes comportent un trait sémantique commun, celui de «être mis en possession de ...». En vertu de ce trait commun, ces verbes peuvent être considérés comme synonymes. D'autre part, il y a dans leurs contenus sémantiques des traits sémantiques qui les distinguent et les opposent les uns aux autres. Pour un traducteur à la recherche d'équivalents, il est essentiel d'établir et de bien définir ces traits oppositifs dans une telle structure synonymique, car il est très rare de trouver dans deux langues des séries absolument identiques. En inscrivant dans une grille les traits sémantiques de chacun des verbes des deux langues, on obtient une base très sure pour la recherche des équivalents.

Pour les verbes français, la grille se présente comme il suit:

Être mis en possession..

De ce qui est offert...

De ce qu' on veut...

Contre le gré du détenteur...

De ce qui est disputé...

Expression familière...

Recevoir – accepter – obtenir – extorquer – remporter – décrocher etc.

Cependant, il faut souligner que la recherche des équivalents exige quelquefois une méthode plus complexe, un examen sémantique de structures lexicales vastes et hiérarchiquement supérieures à celle que nous venons d'examiner. Ainsi, pour établir les rapports d'équivalence relative entre les verbes albanais “shkoj” et “vi” d'une part et, de l'autre part, les verbes français aller et venir, il ne suffit pas de soumettre à l'analyse sémantique les seuls verbes en question; ce qu'il faut dans ce cas, c'est analyser la structure lexicale des verbes de movement dans les deux langues et établir les équivalences à la base de la confrontation des deux structures. Prennons l’exemple du mot “besa” tiré du roman Qui a ramené Doruntine ? * , traduit de l’albanais par Jusuf Vrioni. Le mot “besa” est un mot albanais qui n’existe pas comme notion en français, pour cette raison le traducteur n’a pas traduit le mot et l’a laissé tel-quel, pour conserver le vrai sens de ce mot et il a donnée l’explication de ce mot en fin de la page. Cette opération prend le nom de sémantisation. Le traducteur est considéré comme un manupulateur des textes, s’il ne comprend pas la phrase qu’il a sous les yeux, il a généralement recours à un dictionnaire de langue où il vérifiera le ou les termes qui lui semble etre à l’origine de sa difficulté de comprehénsion. C’est le choix que le traducteur doit faire pour reconstruire les phrase, il s’agit d’un controle de comprehension que le traducteur doit toujours faire.

* Ismail Kadaré, Qui a ramené Doruntine ? (Kush e solli Doruntinën ?) , traduit de l’albanais par Jusuf Vrioni, éditions Fayard, 1986 et 1993. f. 187

c) Problèmes culturelles

La culture est un système complet des habitudes et du comportement auxquels la langue est étroitement liée. Néanmoins, il faut dire qu’une langue peut traverser de différentes frontières culturelles. Le sens d’un mot ou d’une expression est donc dérivé, dans une grande mesure, de sa culture. Le sens est alors un lien primordial entre culture et langue et puisque la traduction n’est pas un simple procédé linguistique, une compréhension culturelle s’impose, car le traducteur est censé produire des équivalences et là ou il n’y en a pas, il y aura des difficultés. La traduction n’est pas une operation purement linguistique, mais c’est traduire le signifié, comme le dit G. Mounin, «remplir deux conditions, dont chacune est nécessaire, et don’t aucune en soi n’est suffisante: la première est d’étudier la langue étrangère, et la seconde d’étudier l’ethnographie de la communauté dont cette langue étrangère est l’expression» *. A titre d’exemple, un européen qui n’est pas familier avec la réalité historique ou expérimentable de l’Afrique le trouvera presque impossible de la comprendre net de le traduire dans une autre langue. Le traducteur littéraire doit considérer le fait, en traduisant, qu’il a affaire avec deux cultures en contact. Il doit avoir recours à la « restructure des systèmes culturels des signes linguistiques » ** et pour accomplir cette tache, la restructure de signifié doit être accompagnes par une compréhension du système grammatical et structural de la langue d’Arrivée. Pour faire face à ce problème culturel, le traducteur du texte littéraire doit avoir recours à l’adaptation et à l’équivalence afin de donner l’effet convenable au texte de depart. Même dans le cas où la langue étrangère est utilisée pour exprimer des notions étrangères à sa culture, ses coutumes, ces deux conditions ne doivent pas être ignorées, car «les mots ne peuvent pas être compris correctement, séparés des phénomènes culturels localisés dont ils sont les symboles». C’est sous cet aspect que nous allons présenter les «difficultés» traductologiques présentes dans les romans de Fatos Kongoli traduites en français par Edmond Tupja, des oeuvres comme : “L’ombre de l’autre”, “Le paumé” etc. Aussi, l’oeuvre de Amin Zaoui “Festin de mensongnes”, traduit du français par Mirela Kumbaro.

* George Mounin, Les Problèmes théorique de la traduction, Paris, Gallimard “Tel”, 1963. page 128

**George Mounin, Les Problèmes théorique de la traduction, Paris, Gallimard “Tel”, 1963. page 132

Pour mener à terme cette approche théorique, nous allons présenter un schéma des séquences culturelles que nous avons rencontré dans les romans de Fatos Kongoli.

“L’ombre de l’autre” – Fatos Kongoli *

Le Mot

Solution du traducteur.

Xhike,quand a elle, ripostait en criant tout haute, en pleine jour, que Frosina était une méchante labe*, et qui en plus était une communiste effrontée.

* labe

* C’est-à-dire originaire de la region montagneuse de la Laberi en Albanie du sud. - page 222

En dépit de l’état euphorique de la plupart d’entre nous, absorbés par une conversation sans fin sur les miracles qu’accomplissait la fondation Sude*

* Sude

* Nom de la femme qui fonde la tout première firme pyramidale en Albanie. - page 171

Elle a dit quelque chose de bizarre; à l’entendre parler français, on aurait cru que James n’était qu’un Myzeqar*.

* myzeqar

* Habitant de la Myzeqe, plaine de l’Albanie Centrale. - page 153

Une nuit sans le faire exprès, nous avons marché sur l’ombre d’un djinn dans les passages d’un teqe* en ruine

* teqe

* Monastère de dervichesen Albanie - page 36

“Le paumé” – Fatos Kongoli **

Il commanda deux hachourées* et je ne sais plus quoi d’autres.

*hachourées

* Gateau sucréeaux grains de blé cuits, aux noix, aux amandes, aux rasins secs et a la cannelle. - page 154

Elle s’appelait toujours Bubi*, et Bubi lui obéssait comme un toutou.

* Bubi

* En albanais : bon chien fidèle - page 80

Et, sourtout, à m’appeller d’un prénom banal Festim. Je n’ai rien contre ce prènom.

* Festim

* En albanais : célébration. - page 46

a) table nr- 1

*Fatos Kongoli, L’ombre de l’autre, traduit de l' Albanais par Edmond Tupja, éditions Rivages, 1998. **Fatos Kongoli, Le Paumé, traduit de l' Albanais par Christiane Montécot et Edmond Tupja, édition Rivages, 1997.

Ces exemples de confrontation culturelles montrent que d’une langue à l’autre, les concepts ne se recouvrent jamais tout à fait, ce qui suffit à faire de la traduction, à l’échelle de chaque mot, une tache difficile. Les mots comme “labe”, “teqe”, “Bubi” etc, sont des mots qui appartiennent seulement au réalité albanaise, sont des notions qui n’existent pas en france, pour cette raison le traducteur a décidé de ne les pas traduire, mais de donner une explication au fond de la page. Le plus grand principe qui régit la traduction est le respect du texte : pas d’omissions, pas d’ajouts. Ce principe est loin d’avoir été toujours respecté. Si l’on enlève le fait qu’il fallait trouver des équivalents pour chaque élément qui compose un texte, il s’agit de restituer son rythme général, son soufflé, sa respiration, ses teintes et ses sonoritiés : son style. Donc si traduire, c’est donner à lire une oeuvre dans une autre langue, il devient nécessaire de reproduire ce style, non à l’identique, mais de les transposer. Avec la brièveté imposée par un travail de ces caractéristiques, nous envisageons de faire une petite réflexion sur les connaissances que les traducteurs littéraires doivent acquérir. Le traducteur doit bien connaître et à tous les niveaux la langue d’origine et celle d’arrivée, leurs histoires d’aujourd’hui et d’autrefois, leurs ressources d’expression, en peu de mots, être biculturel ; il doit connaître l’auteur et l’oeuvre, avoir du bon sens, certaines facilités naturelles, du talent littéraire, de la sensibilité, de la capacité d’interprétation, de la facilité pour saisir des idées et identifier des écueils ; il doit avoir des connaissances de critique textuelle, de logique et de philosophie ; il doit posséder du talent créateur, de l’habileté pour bien s’exprimer et pour transmettre des idées d’une langue à l’autre avec exactitude ; il doit s’avérer intelligent, perspicace et imaginatif ; il doit être cultivé, d’horizons illimités car il se trouve entre deux cultures, deux civilisations ; il doit avoir du style, de l’ouïe pour reconnaître la musique du texte, le rythme. Lorsqu’on traduit de la littérature on se retrouve face à tous les problèmes possibles qui puissent surgir dans les autres domaines de traduction. La littérature est un compendium de difficultés et le résultat, après un travail ardu, sera gratifiant et extrêmement satisfaisant. Nous arriverons à une compréhension plus profonde et exhaustive du texte. Le texte littéraire est avant tout un texte condensé, riche en significations, se donnant à une série d’interprétations multiples, que le texte-cible doit prendre en considération, s’il veut lui être fidèle. C’est pourquoi la traduction littéraire doit contenir si possible les memes éléments référentiels, culturels et multisémantiques que le texte de départ, c’est-à-dire que la démarche à

suivre sera égale au processus subjectif de la création du texte-source. Dans toute traduction, le destinataire du texte traduit se trouve dans une situation de rareté des échanges, il lit un texte qui lui est étrange et étranger, puisqu’il se trouve dans une situation de rareté de l’intertextualité. De plus, nous voulons faire nôtre le roman, mais en respectant l’auteur, car traduire est une manière de savourer un texte qui nous plaît, qui nous attire; c’est une façon de jouir de ce texte plus intensément qu’avec une simple lecture, étant donné que nous devons capturer son essence, nous tremper de lui, nous imprégner de toutes et de chacune de ses phrases, de ses idées, de ses nuances.

Nous prennons maintenant l’exemple d’un problème culturelle que nous avons trouvée dans le livre “Festin de mensongnes”, traduit en albanais par Mirela Kombaro.

* Ma mère ne manquait pas d’intelligence. Un jour, il lui vint une idée salutaire et diabolique : ainsi, avant que je ne prenne place entre mes six soeurs entassées trois fois par jour, à l’heure des repas, autour de la petite table ronde basse, la meida, ma mère m’attacha la main gauche dans le dosavec son foulard..... “ *

Amin Zaoui est un écrivain et universitaire bilingue (français - arabe), ce livre est destiné et a comme personnage principale un adolescent d’Algère. De l’aspèct culturelle, l’Algère a une culture differente de la France (langue d’écriture du roman), certains concepts de la culture algèrienne n’existent pas dans celle français et le traducteur a trouvé diffèrentes solutions pour bien décrire les diverses situation dans le roman. L’idée de la petite table ronde basse est une illustration parfaite pour montrer que dans la langue que l’auteur a choisi d’écrire le livre, le concept de cette petite table ronde n’existe pas, et semble un peu bizarre, mais comme l’Algère et l’Albanie ont des éléments culturelles qui sont semblables, plusieurs aspècts culturelles d’Algère existent meme en Albanie. Pour cette raison la traductrice connaissant très bien la langue française et albanaise, aussi faisant des recherches sur la culture algèrienne, le traduit par le mot “sofra”, parce que ce mot désigne la petite table ronde basse que tous les albanais connaisent par le nom “sofra”. Cet exemple nous montre que quelque fois il ne suffit pas de connaitre seulement les deux langues, mais avoir une culture générale, en ce cas, une triple-compétence culturelle.

* Amin Zaoui, Festin de mensonges, édition Fayard, 2007. Page 14

La traduction littéraire est un chemin où coexistent et se mélangent plusieurs aspects difficiles à définir comme l’intuition du traducteur, la beauté de l’oeuvre, son style, le plaisir que nous éprouvons quand nous lisons, la perception du lecteur-traducteur, les expériences du traducteur, son bagage culturel, le moment socio-économique-culturel dans lequel l’oeuvre voit le jour et dans lequel on la traduit. Chaque communauté linguistique a ses propres habitudes, ses propres systèmes et coutumes. L’oeuvre littéraire est très enracinée dans la culture, elle est inscrite dans une vision du monde particulière, liée à des coutumes, à ce qui est spécifique et quotidien de ce polysystème, de ce mode de vie, de ce décor. Même si au sein de l'Europe communautaire les differences culturelles profondes sont rares, certaines n'en sont pas moins des écueils à une traduction aisée d'un logiciel d'enseignement.

VI. Conclusion

Dans le cadre du mémoire, nous avons suivi comme ligne de conduite l’idée de la traductologie qui tente à relativiser le problème de la traduisibilité en réduisant le dilemme traduisibilité/intraduisibilité à un problème de fidélité/trahison. Si la traductologie considère qu’on peut traduire pratiquement tout texte, cela n’empêche pas que la traduction soit difficile.

Comme le veut la traductologie, on doit surtout souligner qu’une traduction parfaite n’existe pas (est- elle une illusion ?) et qu’il faut arrêter de voir la traduction comme un mauvais dérivé, un texte qui laisse un goût amer dans la bouche par rapport à l’original. Le traducteur a une tâche difficile à accomplir car il doit à la fois servir l’auteur et le lecteur. Il doit rendre ce qui est étranger accessible à la langue cible. Ainsi une traduction doit avoir comme objectif une valeur rajoutée à la langue et à la culture cible, c’est-à-dire qu’elle doit former une ouverture à ce qui était auparavant étranger à la langue cible. Pour cela, le traducteur doit faire de son mieux pour créer des « ponts » par lesquels peuvent passer les idées nouvelles venant d’autres horizons, ainsi la traduction contribuera à un enrichissement de la culture et de la langue cible.

Quand une traduction pose problème, il est facile de conclure que le texte en question est intraduisible ; or ce n’est pas un critère d’intraduisibilité mais un constat linguistique qui ne peut rien apporter à la théorie de la traduction et qui, au contraire, ne fait que confirmer la théorie de l'intraduisibilité, et cette idée nourrit le débat sur la traduction et empêche tout développement d'une nouvelle théorie.

Dans ce mémoire, nous voulons aller au-delà de cette vision pour sortir de cette impasse et démontrer, qu'au sein d'une même aire linguistique, la communication peut poser problème mais que cela n'empêche pas les interlocuteurs de communiquer. Chaque individu est différent et donc chaque individu interprète les énoncés qui lui sont transmis différemment. Cette différence revient dans beaucoup de théories linguistiques, souvent sous des formes différentes.

Il faut donc développer une théorie qui corresponde à la réalité de la traduction et non pas aux théories du langage qui mettent la traduction hors jeu. Pour cela, les théoriciens doivent bâtir une théorie plus proche de la réalité, ils doivent prendre en considération les problèmes que le traducteur rencontre quand il traduit un texte (littéraire compliqué) et surtout, ils doivent s'inspirer des solutions trouvées pour surmonter l'« intraduisibilité ».

Ce n'est qu'en acceptant l’illusion de la traduction parfaite et en admettant la nécessité de traduction que le dilemme traduisibilité/intraduisibilité peut être remplacé par le couple de la fidélité/trahison. Cette idée ne permet pas de se débarrasser complètement du problème car on ne peut pas être fidèle à 100% à toutes les parties ; en effet, la trahison est aussi une conséquence incontournable de la traduction, puisque la traduction exige des choix qui font balancer le traducteur entre le respect du texte source et celui du texte cible. Le couple fidélité/trahison ne peut uniquement avoir du sens si le traducteur fait des choix réfléchis afin de trahir le moins possible. Il doit être capable de justifier ces choix en montrant que ces solutions trouvées font preuve d’un apport positif à la langue et culture cible. La nécessité de traduction doit alors prendre une tournure positive : celle de l’enrichissement de la culture cible. Ainsi, et malgré toutes les difficultés de traduction, les oeuvres ne doivent plus être contraintes aux problèmes de traduisibilités. Certes, certains textes littéraires comme des textes iconiques (poésie, jeux de mots) sont soumis à des problèmes supplémentaires car le sens des mots est souvent ancrés dans la structure linguistique et ne vient pas d’extérieur ou du contexte mais ce ne doit pas non plus être un critère d’intraduisibilité. Le traducteur ne doit pas avoir peur de prendre un peu de liberté en se rapprochant davantage de la langue cible. Le traducteur doit faire ce qui lui semble correct afin de rester le plus fidèle possible au texte source, mais également à la langue cible. Par conséquent, et malgré toute théorie, une traduction réussie dépend aussi des compétences du traducteur qui doit à la fois parfaitement maîtriser les deux langues, mais également savoir écrire et jouer avec la langue cible et le sens des mots.

On espèrons que le lien que nous avons essayé de créer entre la théorie et la pratique a adouci la polémique de la traduisibilité et qu’il a attribué à mettre la traduction dans une lumière plus favorable que l'ombre dans laquelle elle est souvent rangée. Ainsi, la diversité linguistique ne doit plus être considérée comme un obstacle mais, au contraire, comme un outil de rapprochement des langues.

V. Bibliographie

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Fatos Kongoli, Le Paumé, traduit de l' Albanais par Christiane Montécot et Edmond Tupja, édition Rivages, 1997.

Fatos Kongoli, L’ombre de l’autre, traduit de l' Albanais par Edmond Tupja, éditions Rivages, 1998.

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George Mounin. Les Problèmes théorique de la traduction, Paris, Gallimard “Tel”, 1963.

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Ismail Kadaré, Qui a ramené Doruntine ? (Kush e solli Doruntinën ?) , traduit de l’albanais par Jusuf Vrioni, éditions Fayard, 1986 et 1993.

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Nonda Varfi, Introduction à la lexicologie du français, édition Toena. 2005.

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Wilhelm Von Humboldt, L'aurore de la linguistique, 2006

Site d’internet consulté :

http://www.erudit.org

http://www.revue-texto.net

http://www.memo.fr

http://www.persee.fr

http://www.wikipedia.org

http://www.lexilogos.com












1 comment:

  1. Je tiens à vous remercier pour l'énorme effort que vous avez mis dans la réalisation de ce mémoire digne de son nom.

    Même s'il remonte à 2010, il m'a été utile dans la réalisation de mon mémoire à mon tour.

    Merci beaucoup

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